Quand des hydravions se posaient sur l'étang de Salses ? Leucate, à Saint Laurent de la Salanque Écouter (02min)
LE SAVIEZ-VOUS
Mermoz, Saint-Exupéry … c’est une chronique qui vole haut aujourd’hui !
Et qui va loin sur les ailes de l’Aéropostale. Transporter le courrier par avion, c’est le rêve de Georges-Pierre Latécoère au lendemain de la Grande Guerre. Il a fondé une compagnie aérienne basée à Toulouse-Montaudran et lance « La Ligne », une liaison avec l’Afrique en longeant les Pyrénées vers l’est puis la côte Méditerranéenne jusqu’à Gibraltar et de là le Maroc et le Sénégal.
Et pourquoi pas tenter le grand saut au-dessus de l’Atlantique-Sud, de St Louis du Sénégal à Natal au Brésil ? Seulement le ministère de l’Air exige qu’on utilise des hydravions, afin de donner une chance aux pilotes en cas d’incident en cours de vol. Mais à Toulouse il n’y a pas de plan d’eau pour les mettre au point. Latécoère décide donc de créer une base d’essai sur l’étang à St Laurent de la Salanque. L’endroit est idéal : l’étang, la mer, la montagne toute proche, les vents changeants et parfois violents … on peut y tester les hydravions dans les conditions les plus extrêmes. La construction commence en 1924 et se termine en 27. En service jusqu’en 1937, on baptise cette base « l’Escale ».
A quoi ressemble-t-elle ?
Elle couvre 45 hectares sur lesquels sont construits des hangars, une base météorologique, un poste TSF, des bureaux, des logements pour les mécaniciens et le gardien. Les pilotes eux sont hébergés à l’Hôtel des Voyageurs à St Laurent.
Au total 35 personnes y travaillent. Les hydravions sont construits à Toulouse et transportés en pièces détachées à l’Escale où on les remonte et où on les met à l’eau en les amenant sur des rails le long d’une jetée en L de 130m de long et en les soulevant avec une grue de 7m de haut. Au total, 8 générations d’hydravions sont ainsi testées par les as de l’Aéropostale qui viennent aussi se familiariser avec le pilotage des hydravions.
Entre autres Mermoz et Saint Exupéry. Vous imaginez ces aventuriers légendaires, nimbés d’une aura romantique, au milieu des pêcheurs d’anguilles ? Le « grand » (Mermoz) va manger le soir à la « Langouste qui chante » au Barcarès. Saint Ex, lui, loge à l’Hôtel de France à Perpignan où il peut joindre par téléphone son épouse adorée Consuelo.
Parfois les essais se passent mal : le 3 avril 1930, puis le 16 mars 1933, deux hydravions s'abiment en mer, tuant leurs équipages de 2 personnes, le pilote et le mécanicien soient 4 morts au total.
Mais l’Atlantique Sud est vaincu en mai 1930. A bord du Laté 28-3, baptisé Comte de la Vaulx, Mermoz décolle de Marignane mais doit faire escale à St Laurent pour réparer une fuite d’eau avant de rallier le Sénégal et réussir le grand bond en 21h jusqu’au Brésil les 12 et 13 mai. Abandonnée en 37, la base retrouvera brièvement son activité en mai 40 au moment de l’invasion allemande. Les pilotes qui ne veulent pas tomber aux mains de l’ennemi avec leurs avions y font escale pour s’y ravitailler avant de rejoindre l’Afrique du Nord. Parmi eux, Antoine de Saint-Exupéry qui embarque à son bord des personnalités juives. Ce sera son dernier passage à St Laurent.
Sources : France-Bleu
